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MYOLOGIE.

fibres longues ou d’une quantité plus considérable de fibres courtes. Les physiologistes ont, en effet, constaté que l’étendue des mouvements qu’un muscle peut produire est proportionnelle à la longueur de ses fibres, tandis que sa force est proportionnelle à sa section transversale, c’est-à-dire à la somme des fibres élémentaires qu’il contient. Il en résulte une relation nécessaire entre la forme du muscle et sa fonction. Cette donnée dont l’importance au point de vue morphogénique est considérable a été mise en lumière comme il convient par M. Marey[1].

Le muscle attaché par ses deux extrémités sur deux os réunis par une articulation imprime à l’os mobile, lors de sa contraction, un mouvement dont la direction est déterminée par la conformation des surfaces articulaires. Du mode d’insertion du muscle sur l’os mobile dépend la puissance du mouvement.

Les notions élémentaires de mécanique nous apprennent qu’une force a son maximum d’action lorsqu’elle s’exerce perpendiculairement au levier à mouvoir, et qu’elle perd d’autant plus qu’elle s’exerce dans une direction plus parallèle. Un muscle aura donc d’autant plus de puissance que ses fibres seront perpendiculaires à l’os qu’il doit mouvoir.

Cette disposition est rare toutefois dans l’organisme, et les muscles des membres sont pour la plupart disposés parallèlement au grand axe des os qu’ils sont destinés à mettre en mouvement ; mais on notera l’importance des saillies articulaires, qui font pour quelques tendons l’office de poulies de renvoi et, en augmentant l’angle sous lequel se fait l’insertion musculaire, corrigent dans une certaine mesure la disposition défectueuse que je viens de signaler.

Il résulte également de ce qui précède que, pour un même muscle, l’angle d’insertion variant avec le déplacement de l’os mobile, son degré de puissance variera également ; si cet angle arrive à l’angle droit, le muscle aura à ce moment sa plus grande puissance c’est ce qu’on appelle le moment d’un muscle.

Dans ces mouvements, l’os mobile représente un levier dont le point d’appui est à l’articulation, la puissance à l’insertion du muscle, et la résistance vers l’extrémité libre de l’os déplacé. Cette résistance est représentée par la pesanteur, la résistance des antagonistes et, en somme, par tous les obstacles qui s’opposent au déplacement. Suivant les positions respectives de ces trois points, l’os mobile représentera un levier du premier, du deuxième et du troisième genre. Ce dernier genre est le plus répandu dans l’économie.

Les muscles sont disposés par groupes agissant dans le même sens, on a ainsi le groupe des fléchisseurs, des extenseurs, des adducteurs, etc.

Ces groupes musculaires, disposés autour des articulations, sollicitent le segment mobile

  1. Des lois de la morphogénie chez les animaux, par E.-J. Marey, in Archives de physiologie, 1889, nos 1 et 2.