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CHAPITRE V

DES PROPORTIONS DU CORPS HUMAIN.


De tout temps les artistes se sont préoccupés des proportions du corps humain ; ils ont cherché à les fixer en un type qui devient la règle à suivre dans les ouvrages d’art et qui porte le nom de canon.

Les ouvrages de ce genre, dus aux artistes de l’antiquité, ne sont pas arrivés jusqu’à nous[1].

Les textes qui les signalent sont formels, mais peu circonstanciés, et l’on en est réduit, presque entièrement, aux conjectures tirées des œuvres d’art exécutées sous leur inspiration.

Sans entrer dans de grands détails sur un sujet qui exerce depuis longtemps la sagacité des artistes et des archéologues, il nous a paru utile d’indiquer, en quelques mots, l’état de la question.

Le plus ancien est le canon égyptien dont Ch. Blanc a cru trouver la clef dans la mesure du doigt médius qui serait compris dix-neuf fois dans la hauteur totale du corps.

Les Grecs auraient eu plusieurs canons, tous bien différents de celui des Égyptiens. Celui de Polyclète, le plus célèbre, définit le type de l’athlète répondant à l’idée que se faisaient les Grecs, et surtout les Doriens, de l’homme sain et fort, apte aux exercices du gymnase et au maniement des armes de guerre. Le Doryphore et l’Achille Borghèse en sont des exemples. D’après M. Guillaume, la palme ou la largeur de la main au niveau de la racine des doigts serait l’unité de mesure choisie par Polyclète. Cette mesure ne s’applique plus au canon de Lysippe qui introduisit plus d’élégance dans la structure de l’homme, fit les têtes plus petites, les corps moins carrés, et donna à l’ensemble de la figure un aspect plus élancé. L’Apollon du Belvédère répond à ce type.

C’est ce canon de Lysippe « qui est, selon toute vraisemblance, dit M. Guillaume, celui qui nous a été conservé par Vitruve, celui que suivaient les Byzantins, que l’on retrouve

  1. La statue en marbre du Doryphore, actuellement au musée de Naples, ne serait, selon le dire autorisé de M. Guillaume, qu’une reproduction du célèbre ouvrage de Polyclète ; l’original devait être en bronze. Il était, en outre, accompagné d’un travail écrit dans lequel l’auteur en donnait l’explication, et qui a été perdu.