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FORMES EXTÉRIEURES DU TRONC.

Si l’on songe à l’attache solide de la clavicule au sternum par son extrémité interne et à la direction de cet os transversalement en dehors, on comprendra facilement que le mouvement de l’épaule directement en avant soit fort limité et qu’il ne devienne possible que s’il est accompagné en même temps d’un mouvement d’élévation.

En arrière, au contraire, aucun obstacle au rapprochement des omoplates ; aussi le mouvement des épaules en arrière est-il très facile. Il paraît s’accompagner, par contre, d’un léger abaissement du moignon de l’épaule ; mais il s’opère en même temps, ainsi que nous le verrons plus loin, un renversement du haut du corps en arrière qui peut faire illusion sur ce dernier point.


§ 2. — Action musculaire.


L’élévation du moignon de l’épaule directement en haut est produite par la contraction de la moitié supérieure environ du trapèze qui s’attache à la clavicule, à l’acromion et à la partie avoisinante de l’épine de l’omoplate.

Lorsque ce mouvement a lieu avec effort, comme dans l’acte de soulever un fardeau sur l’épaule, on voit s’ajouter à celle du trapèze la contraction du rhomboïde, de l’angulaire de l’omoplate, du grand rond et de la portion supérieure du grand pectoral.

Le grand dentelé reste presque totalement étranger à cette action.

L’épaule est entraînée en arrière par le tiers inférieur du trapèze et par le rhomboïde qui, tout en rapprochant l’omoplate de la ligne médiane, élève le moignon de l’épaule. Mais cette dernière action est contre-balancée par le grand dorsal qui, par l’intermédiaire de la tête de l’humérus, déprime l’omoplate de dehors en dedans et d’avant en arrière, et a en outre le pouvoir d’abaisser les épaules ; il redresse en même temps le tronc.

Lorsque ce mouvement s’accentue avec violence, comme dans l’acte d’attirer à soi un corps pesant, d’autres muscles s’ajoutent aux précédents, ce sont le grand rond et le tiers postérieur du deltoïde.

Le mouvement de l’épaule en haut et en avant est exécuté par le tiers supérieur du grand pectoral. Il exprime la crainte. S’il se produit avec violence, comme dans l’action de pousser de l’épaule un corps lourd et résistant, le grand dentelé se contracte synergiquement.


§ 3. — Attitude normale de l’épaule.


Les quelques détails qui précèdent permettent de mieux apprécier la raison de l’attitude normale de l’épaule, qui résulte naturellement des forces toniques combinées de tous les muscles qui y prennent insertion.