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XIII
AVERTISSEMENT.

La question de la forme elle-même est donc entièrement réservée, et je désire définir nettement le rôle que je me suis imposé, véritable et simple rôle d’informateur.

Les dessins ont été exécutés d’après nature, et après bien des recherches, sur deux modèles[1] qui ont été choisis non d’après une formule d’esthétique quelconque, mais pour raison de clarté et de méthode. A cause de la finesse de la peau, de la puissance de la musculature et de l’absence aussi complète que possible du tissu graisseux, ils offraient des formes non pas simples, mais claires et faites pour ainsi dire pour l’étude et la démonstration. Lorsque l’on aura appris à les voir, on retrouvera ces mêmes formes chez les sujets plus jeunes, plus gras, plus simples en un mot, mais d’une lecture plus difficile.

En résumé, mon but a été de mettre entre les mains des artistes un livre exclusivement technique qu’ils puissent sans effort lire ou consulter, et dans lequel ils trouvent l’aide nécessaire, non pas pour choisir un modèle, mais pour lire et comprendre le modèle qu’ils auront choisi.


Qu’il me soit permis, en second lieu, de dire quelques mots aux médecins auxquels ce livre, bien que plus spécialement destiné aux artistes, s’adresse cependant. Il y a déjà longtemps, en effet, que Gerdy avait compris tous les services que l’anatomie des formes extérieures du corps humain pouvait rendre aux chirurgiens : « Les formes extérieures, dit-il, par leurs relations avec les formes intérieures, montrent, à l’intelligence du chirurgien, ce qui est caché dans la profondeur du corps par ce qui est visible à sa surface. »

Mais il est un autre point de vue que je désire relever et qui n’intéresse pas moins les médecins que les chirurgiens. C’est l’incontestable utilité d’une connaissance exacte et précise des formes extérieures normales pour le diagnostic des déformations que leur font subir les maladies. M. le professeur Charcot, avec la haute autorité qui s’attache à son enseignement, signalait dernièrement à ses auditeurs de la Salpêtrière tout l’intérêt que présente pour le médecin l’étude du nu. « Je ne saurais trop vous engager, Messieurs, disait-il, surtout quand il

  1. L’un a servi pour les membres, l’autre pour le torse.