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« Et c’est la mort que tu désires ! Mais ton rêve
« Est tout réalisé, mourant qui meurs sans trêve,
« Ô toi dont chaque instant est aussitôt jadis,
« Toi dont chaque soupir chante un de profundis !
« Va, si la mort te plaît, bois, ta coupe en est pleine.
« Mais au lieu de vouloir la vider d’une haleine,
« Bois-la par petits coups, fais durer ton plaisir,
« Bois-la comme un bon vin qu’on savoure à loisir,
« Vieux, rare, et que son prix su rend plus délectable.
« Les yeux extasiés, les coudes sur la table,
« Bois comme un sage et non comme boit le bétail.
« Consume ainsi ta vie à mourir en détail.
« Que la mort longuement, goutte à goutte, t’enivre.
« La meilleure des morts, c’est de se laisser vivre. »