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LES ÎLES D’OR


LIX


Mais surtout, sois aimé, sois aimant, follement !
Ça, c’est le paradis possible à tout moment.
Toujours lointain, celui qu’annoncent les apôtres !
Celui-ci, toujours près, en toi-même, en les autres,
Vraiment à ta mesure, à ta portée ainsi,
Et tel, qu’en le donnant tu le reçois aussi.
Tu ne peux t’arrêter en nul endroit, qu’importe !
Voici des îles d’or qu’avec soi l’on emporte
Tout coule, passe, fuit, tout ! Mais l’amour des tiens
Pour toi, le tien pour eux, c’est à toi, tu le tiens.
Rien ne te l’ôtera. Ton être est dans leur être.
Et quand au gouffre noir tu devras disparaître,
Leur baiser, seul perçu par tes sens engourdis,
Te versera la paix du dernier paradis.