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MES PARADIS


LIV


Loin, plus loin, par delà les ultimes Thulés,
Sous le blême zénith éclairant les cieux mornes
Avec le candélabre aux sept cierges gelés,

Dans un air où la vie a ses suprêmes bornes,
Où plus rien d’animé ne vibre et ne s’entend,
Pas même un souvenir du vol muet des Nornes,

Sur une mer figée en un bloc résistant,
Voici l’île d’or pâle et le palais de glace
Dont l’Abstrait sans figure est l’unique habitant.

Laisse à la porte, avant que d’entrer dans la place,
Tout ce qui te rappelle un sentiment humain.
Considère le Temps comme leurre et fallace.