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III

LA PRISONNIÈRE


Aux vaporeux créneaux des nuages mouvants
La princesse accoudée en pleurant me regarde.
Pour vaincre les dragons qui vous ont sous leur garde,
Voilà-t-il pas un beau chevalier, sans suivants !

Il en viendra, princesse, et j’ai pris les devants.
Si ma mine d’ailleurs vous semble un peu hagarde,
C’est que mon casque porte une étrange cocarde
Où l’arc-en-ciel noué tient la rose des vents.

Bon ! Vous riez de moi, maintenant, ô jolie.
Vous me jugez un fou. Soit ! J’aime ma folie,
Puisque c’est elle qui me fait, seul, sans seconds,

Avec mont espérance en loques pour bannière,
Assaillir le château gardé par des dragons,
Le château de vos longs ennuis, ô prisonnière !