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LES ÎLES D’OR


Sa poitrine à leurs poitrines,
Les vaincre, ces demi-dieux,
Et de leurs gouffres pleins d’yeux
Sortir, le col radieux
D’un collier d’aigues-marines ;

Et tout cela qui vous plaît
Le faire sans effort laid,
Avec l’abandon complet,
Avec la grâce charmante
Des nonchalants goélands
Dont les plus fougueux élans
Semblent, distraits, doux et lents,
Se jouer dans la tourmente ;

Le faire sans laisser voir
Qu’on remplit un saint devoir
Et que l’homme a ce pouvoir
Dont rien ne le destitue :
Par les mouvements accorts
Aux harmonieux accords
Sculpter lui-même son corps
Et l’ériger en statue !