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MES PARADIS


XLVIII


Santé des quarante ans, où semble que renaisse
Tout l’homme reverdi de seconde jeunesse,
Quand il fit de son corps un docile instrument,
Un chien fidèle, un bon serviteur, en l’aimant !
Et l’aimer, ce n’est pas en boissons, nourritures,
Pour pain quotidien lui flanquer des bitures
Dont la chair dilatée empâte son tissu.
Il s’agit d’être fort, et non d’être pansu.
L’aimer, c’est le vouloir qui travaille, qui grouille,
C’est en tenir l’acier net, fourbi, pur de rouille,
Fusil toujours tout prêt dès qu’on sonne au drapeau,
C’est ne pas avoir peur de lui tanner la peau,
De lui raidir le muscle et de lui mettre aux membres
Contre le feu des Juins et le gel des Décembres