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LES ÎLES D’OR

Dit grand’mère, « voilà si longtemps que je conte !
« C’est assez pour ce soir. Vous avez votre compte.
« L’homme au sable a passé sur vos yeux. Vite au lit ! »
Et l’on frotte ses yeux qu’en effet il remplit
De sable. Un sable en or ! Mais, quand même, il picote.
On se couche. Grand’mère, elle, toujours tricote,
Toujours, et l’on s’endort en rêvant de là-bas,
Cependant que les cinq aiguilles dans le bas
Font comme un cliquetis de petites épées,
Par lesquelles seront tout à l’heure coupées
Les têtes des géants, des ogres et des loups,
Afin que l’on épouse en dépit des jaloux
La princesse de fleurs et d’étoiles coiffée,
Dont la robe est couleur du temps, dont une fée
Fut la marraine, et dont le père vous reçoit
En vous disant qu’elle est la plus belle qui soit.