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MES PARADIS


XXIII


À la crête d’un flot deux gouttes écumant ;
Au-dessus d’elles, tous les yeux du firmament.
Tous ses mille milliers de milliards d’étoiles,
Jusqu’à celles que cache en ses ultimes toiles,
Au fin fond du tréfonds de l’abîme habité,
L’aragne de la nuit filant l’immensité ;
Deux tous, dont nul avec autrui ne communique,
Tous les regards fondus en un regard unique,
Et ce regard unique à son tour condensé
En le reflet furtif dont l’éclair a dansé
À la crête du flot où l’écume déferle ;
Ces deux gouttes ainsi dans leur suprême perle
Ayant tous les rayons de tous les firmaments,
C’est vous, si vous aimez quand on vous aime, amants.