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LES ÎLES D’OR



Ô châteaux d’Occident, d’Orient,
Dont les nefs ont un lys pour pilote,
la joie en souci qui sanglote
Et la peine qui danse en riant,

Ô parfums devenus cantilènes,
Ô clartés exhalant des parfums,
Ô drapeaux de triomphes défunts
Et victoires qu’on cueille à mains pleines,

Ô nuages gros d’astres vermeils
Dont les feux d’artifice nocturnes
En cataractes vident leurs urnes
De soleils aux rayons de sommeils,

Ô puits noir de la mer sidérale,
Ô bâton pour le bleu pèlerin
Qui gravit sous l’orage serein
L’escalier de l’ivresse en spirale,

Ô brouillard érigeant un décor
Où le seul spectateur fait le drame,
Ô tissu dont le vide se trame
D’un jamais festonné d’un encor,