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LES ÎLES D’OR



En avant ! Le monde est étroit.
On n’a peur de rien. On se croit,
Étant invaincu, l’invincible.
On a l’arc et l’on est l’archer
Dont tous les coups doivent toucher,
Prît-on le firmament pour cible.

C’était l’âge où soi-même on sent
Qu’on est un volcan rugissant
Où l’éruption monte et grogne.
Ah ! l’aventure, le danger !
On voudrait en boire, en manger ;
On en est le goinfre et l’ivrogne.

Alors pourquoi donc, ô volcans,
Vous donner ces airs arrogants
Avec vos panaches de flamme ?
Les duels que vous me proposez
Sont à ma vertu des baisers.
Loin de les fuir, je les réclame.

J’irai, volcan coiffé de feux,
Passer ma main dans tes cheveux.
Elle en sortira saine et sauve.