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MES PARADIS


LXXX


Ô mort, bon fantôme aux yeux creux
Qui viens terminer nos souffrances,
Espoir de nos désespérances,
Mort délectable aux malheureux,

Ce qui te rend sans prix pour eux,
N’est-ce pas la vie et ses transes,
Comme aux marins les biscuits rances
Font le pain frais plus savoureux ?

Donc, vous tous que vivre harasse,
Au mal de vivre rendez grâce.
Vive la vie et son tourment !

Contre elle injustement l’on rage.
Si la mort est un port charmant,
C’est que la vie est un orage.