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MES PARADIS


LXXVIII

BALLADE DE L’OURS


Orphée, aux temps où tu vécus,
Bêtes, arbres, la fleur, la graine,
Et jusqu’aux rochers convaincus,
Écoutaient ta voix souveraine.
La lyre était la grande reine
De tous les êtres prosternés.
Aujourd’hui, le monde l’embrène.
Il faut mener l’ours par le nez.

L’aigre musique des écus
Est la seule dont on s’éprenne.
Chante-la donc, en cris aigus,
Si tu veux être la sirène
Aux pieds de laquelle on se traîne.