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DANS LES REMOUS


XXXIII


Autre conseil, au temps des fleurs !
L’arbre, gercé par la froidure,
Sent mollir son écorce dure
D’où la sève jaillit en pleurs.

Les oiseaux aux primes chaleurs
Chantent déjà dans la verdure.
Jouis d’Avril pendant qu’il dure,
Chêne, emplis-toi de nids siffleurs.

Tes pieds sont vissés dans la terre ;
Mais tes branches vers le mystère
Tendent leurs bras épris du vol.

Aime l’oiseau, le vent qui passe,
Et par eux, vieux forçat du sol,
Soûle-toi d’azur et d’espace.