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LES MORTS BIZARRES

— Barbellez du diable ! disait Marius. Si ce gredin-là n’avait pas envoyé ad patres ma boîte d’allumettes, nous pourrions au moins voir quelque chose !

— Eh ! eh ! répondit Jean, je viens de sentir ma tête frôlée comme par une branche. C’est peut-être des plantes qui pendent de la voûte. Nous arrivons sans doute au bout.

Bientôt, en effet, ils touchèrent une sorte de muraille, couverte d’aspérités pointues, et plus dure que du rocher.

— Attention ! dit Marius. Il faut la suivre en tâtant. Cela nous mènera quelque part.

Une demi-heure encore de marche ! Ils allaient plus vite ; le mur leur servait de rampe et de guide. Jean était en avant et pressait encore plus le pas, quand il s’écria tout à coup :

— Que le diable emporte le mur ! nous voilà revenus au lac. C’est amusant !

— Retournons, va ! répondit Marius. Suivons toujours le même système. Au moins nous aurons fait le tour de notre prison et donné une poignée de main à toutes les parois.

Encore une heure de ce voyage, les doigts palpant le mur, les pieds indécis, l’œil grand ouvert dans les ténèbres, l’espoir et l’anxiété au cœur. Trouveraient-ils une fissure ?

Ils retrouvèrent encore l’eau. Ils avaient parcouru toute la circonférence qui formait le fond de la grotte mystérieuse. En face d’eux, l’eau sombre, sans autre issue que le gouffre, d’où le courant sortait et dans