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les caresses


J’allais, fier, libre et hardi,
Ô femme, moi que tu mènes.
J’écoutais ce que l’art dit
À nous, ses catéchumènes.

J’espérais vivre au milieu
Des noms de gloire qu’on nomme.
Poète, on est demi-dieu.
Or je ne suis plus qu’un homme.

Mon esprit clair se voila
Dans les plis de ton corsage.
Je vis, je t’aime, voilà !
Suis-je fou ? Suis-je encor sage ?

Je ne sais, et je ne veux
Point le savoir. Qu’on me laisse !
Au bout d’un de ses cheveux,
Comme un chien je vais en laisse.

Je marche dans la forêt
Où l’amour tend ses lianes,
Où sa voix comme un foret
Perce l’air de ses dianes,

Où le long des verts sentiers
Ses menottes enfantines
Sèment sur les églantiers
Mon sang rouge en églantines.