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nivôse


Vous aurez beau dire et beau faire,
Il manque pour mon cœur d’amant
Une étoile à mon firmament,
Un parfum dans mon atmosphère.

D’un bon conseil vous m’éclairez.
Mais, hélas ! je connais d’avance
Quelle pauvre et maigre chevance
On apporte aux désespérés.

On dit, je l’ai dit comme un autre,
Que les regrets sont superflus,
Que le passé ne revient plus,
Et que ce sort-là c’est le nôtre,

Et qu’une fois l’amour parti,
Le plus sage est qu’on y renonce.
Mais tout cela vaut-il une once
De son baiser le plus petit ?

D’autres, pour calmer ma détresse,
Vont me parler de cieux meilleurs,
Et chanter que l’on doit ailleurs,
Là-haut, rejoindre sa maîtresse.

Ceux-là connaissent nos défauts
Et nos désirs d’âme immortelle.
Mais cette âme-là, d’où sort-elle ?
Et qui l’a vue ? où donc ?… C’est faux.