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Au branle étourdissant des marées,
Mouillé par les embruns et la pluie,
Les yeux pleurant de sel et de suie,
Dans les glaces du Nord démarrées,

Dans les puits des malströms qui tournoient,
Dans les rocs des écueils aux dents noires,
Près des requins ouvrant leurs mâchoires,
Tombeaux vivants des morts qui se noient,

Grevant de faim, de soif et de fièvres,
J’irai je ne sais où, seul, farouche.
Et peut-être qu’alors sur ma bouche
Je n’aurai plus le goût de tes lèvres.