Page:Richepin - Les Caresses, Charpentier, nouv. éd.djvu/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
178
les caresses


C’est la chanson des baisers
Qui d’abord court, saute et danse,
Puis en rhythmes apaisés
S’endort sur une cadence.

C’est la chanson des seins blancs
Qui s’enflent comme des vagues,
Puis qui se calment, tremblants
Comme un lac aux frissons vagues.

C’est la chanson de ton corps
Qui fait chanter ses caresses,
Puis s’éteint dans des accords
De langoureuses paresses.

C’est la chanson qui rend fou.
Rends-moi fou, ça te regarde ;
Mais si tu fais trop joujou
Sur le violon, prends garde !

Prends garde ! l’âme est debout ;
Les quatre cordes, tordues
Sur les clefs tout près du tout,
Jusqu’à casser sont tendues.

Et pourtant, ô fol archet,
Sur ces cordes tu gambilles
Comme ce clown qui marchait
En dansant sur des coquilles.