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thermidor


Lorsque tu levas ton voile,
Ton profond regard d’étoile
M’entra jusque dans la moelle ;

Tel un couteau d’acier dur
S’enfonce au cœur d’un fruit mûr.
Je dus m’appuyer au mur ;

Je tremblais de telle sorte
Que tu souris, toi, la forte,
Devant cette feuille morte.

Et, comme alors je sentis
Tous mes nerfs appesantis,
D’abord je me repentis.

Un rire plein de superbe
Retroussa ma lèvre acerbe.
Mais soudain, vert comme l’herbe,

J’eus, sous tes doigts souverains,
Un froid qui me prit aux crins,
À la nuque, et dans les reins.

C’était fait, j’étais en proie !
Pris dans tes cheveux de soie,
Je t’ai donné cette joie