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thermidor


Nous avons trop dormi, ma chère.
Notre vorace amour se plaint
De n’avoir pas le ventre plein,
Lui qui fait toujours bonne chère.

Allons, mignonne, allons, debout !
Chassez-moi nos pensers funèbres.
J’ai nourri mes yeux de ténèbres,
J’ai fait des rêves de hibou.

Mais en vous voyant fraîche et rose,
J’en fais qui sont couleur de jour.
J’entends la voix de notre amour
Qui pour fleurir veut qu’on l’arrose.

C’étaient nos vœux inapaisés
Qui nous rendaient mélancoliques.
Donnons à nos cœurs faméliques
Un large repas de baisers.

C’est le remède, c’est la vie !
Tu m’enlaces ; moi, je t’étreins ;
Et mangeant le feu de nos reins,
Se tait notre bête assouvie.

Les désespoirs les plus ardents,
Les tristesses les plus farouches,
Quand nous unissons nos deux bouches,
Sont égorgés entre nos dents.