Page:Richepin - Les Blasphèmes, 1890.djvu/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
LES BLASPHÈMES

XVII

LE PAYS DES CHIMERES


Où je vais ? Au pays fabuleux des chimères,
Vers les cieux enchantés où les âmes en fleurs
Sont divins rossignols et non merles siffleurs,
Où nulle volupté n’a de rancœurs amères,

Où l’on ne connaît point les plaisirs éphémères
Que suivent pas à pas les regrets querelleurs,
Où l’amour toujours calme ignore les pâleurs,
Où les femmes sont plus câlines que des mères.

Où je vais ? Au pays du repos éternel,
Où le cœur, cessant d’être idéal et charnel,
N’est plus comme un blessé que chaque effort mutile.

Où je vais ? Au pays des rêves superflus,
Au pay5 dont l’espoir, hélas ! est inutile.
Je sais bien qu’il n’est pas ; je l’en aime encor plus.