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SONNETS AMERS
VIII
LES IVRESSES
S’intoxiquer ?… Sans doute. Oui, c’est la seule joie.
Un oublie. On voit rose. A moi, noir bataillon
Des bouteilles, au chef casqué de vermillon !
Roulez dans vos flots d’or ma douleur qui se noie.
A moi, l’absinthe, où dans un ciel vert je tournoie
Avec des ailes, plus léger qu’un papillon ;
Le haschisch qui parmi des bruits de carillon
Papillote mon cœur comme un papier de soie ;
L’opium ténébreux qui sous ses baisers lourds
Me berce dans des lits de brumes en velours ;
Venez à moi, vous tous qui consolez de vivre !
Oh ! demeurer ainsi toujours ! Je bois, je bois.
Encor ! Oui, mais demain, je ne serai plus ivre ;
Demain, mal aux cheveux, et la gueule de bois !