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SONNETS AMERS

VI

AMOURS IMPURS


Ma foi ! je ne sais plus sur quel air ça commence ;
Mais le refrain bissé m’a fait pleurer un jour.
On ne meurt pas d’amour, on ne meurt pas d’amour,
Dit cette lamentable et stupide romance.

C’était dans un bocart. Les filles en démence,
Soûles, tristes, chantaient un couplet tour à tour ;
Et, mouillés de leurs pleurs, ces vers de troubadour
Voguaient à l’idéal d’une envergure immense.

On ne meurt pas d’amour ! Tant pis, mon pauvre cœur !
O douceur, de noyer là dedans sa rancœur !
Un plongeon ! L’Océan vous couvre, et tout s’efface.

Mais ce vaste Océan que mon cœur demandait,
N’a pas même assez d’eau pour m’y laver la face.
On ne peut se noyer, pourtant, dans un bidet !