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I

LA VIE

Ah ! ne me parlez pas du printemps ! Zut ! Assez !
Je le sais parbleu bien, que les froids sont passés,
Que ma fenêtre close au soleil s’est ouverte,
Et que les cieux sont bleus, et que la terre est verte,
Et que l’hiver nous lègue Avril en s’en allant,
Et que le Temps, ce vieux cabotin sans talent,
Ainsi que l’an dernier va reprendre son rôle
Sempiternel ! Et puis après ? Comme c’est drôle
De revoir ce ténor aux culottes d’azur,
Roucouleur de chansons aigres comme un fruit sur !
Assez ! Maudit soit-il, cet Avril mirliflore,
Où l’oiseau veut aimer, où la fleur veut éclore,
Où la terre et le ciel se disent des fadeurs
Comme un couple gâteux des birbes cascadeurs !