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LES BLASPHÈMES

III

PROGRÈS

Oui, la croyance aux Dieux subsiste encor, tenace.
On a beau s’en guérir, toujours elle menace
De reparaître, ainsi que les vieux maux secrets.
Voici qu’un Dieu nouveau nous ronge : le Progrès.
Ô mon temps, toi qu’on dit sans foi, toi qui contemples
D’un œil sûr le ciel vide, ô détrousseur de temples,
Brûleur de livres saints, démolisseur d’autels,
Sacrilège hardi qui pris les Immortels
Flamboyants au milieu des foudres usurpées
Et qui crevas le ventre à ce tas de poupées,
Pourquoi donc te voit-on t’agenouiller aussi,
Toi, le vainqueur des Dieux, adorer celui-ci,
Avoir tes dogmes, tes mystères, tes apôtres,
Et ta religion bête comme les autres ?
Le Progrès ! Oui, grand fou, sous ce titre nouveau
C’est toujours Dieu qui vient te hanter le cerveau,
C’est toujours la stérile et dangereuse idée