Page:Richepin - Les Blasphèmes, 1890.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
13
PROLOGUE

Malgré les énigmes contraires
Voici le mot que vous cherchez !
Voici, fixe sous ma prunelle,
La loi stable, unique, éternelle,
Qui contient tout le monde en elle !
Voici le vrai ! Soyez ravis !
Homme, tu peux enfin connaître
La raison sûre de ton être,
Quels destins réglés te font naître,
Où tu vas, et pourquoi tu vis ! »

Qui donc doit parler de la sorte ?
Où donc est-il, ce grand savant ?
Où ? Dans la foule ? Qu’il en sorte !
Mais non ! Tout reste ainsi qu’avant.
La nuit ne s’est pas éclaircie ;
Et d’argutie en argutie,
Comme toujours, on balbutie
Sans trouver le mot qu’il faudrait.
O Science à chiffres futiles,
Sur l’univers que tu mutiles
Cueille des secrets inutiles !
Nous voulons l’éternel secret.

Vers l’inconnu, vers le mystère,
Invinciblement emportés,