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LES BLASPHÈMES

On voit passer, quand je les trousse,
Sous mon ventre sa barbe rousse.
Laissez venir à moi les petits enfants.


LE TOURMENTÉ

— C’est donc toi qui te dis athée et qui t’en vantes ?
— C’est moi. J’ai blasphémé tous les noms de ton Dieu.
J’ai regardé l’envers des faces décevantes.
J’ai dit à la statue en bois : tu n’es qu’un pieu.

— Je trouerai d’un fer chaud cette langue insensée.
— Ce qu’elle a dit est dit. Fais donc ce qu’il te plaît.
Ton Dieu ne rira pas de ma langue percée ;
Car de ce trou saignant je peux faire un sifflet.

— Si je te gonflais d’eau l’estomac, comme une outre ?
— Mais, quand tu m’emplirais encore comme un muid,
Une fois plein, ton eau ne pourrait passer outre ;
Et si ton Dieu versait, je vomirais sur lui.