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IX
LA CHANSON DU SANG
Peut-être, ô Solitude, est-ce toi qui délivres
De cette ardente soif que l’ivresse des livres
Ne saurait étancher aux flots de son vin noir.
J’en ai bu comme si j’étais un entonnoir,
De ce vin fabriqué, de ce vin lamentable ;
J’en ai bu jusqu’à choir lourdement sous la table,
A pleine gueule, à plein amour, à plein cerveau.
Mais toujours, au réveil, je sentais de nouveau
L’inextinguible soif dans ma gorge plus rêche.
Peut-être, ô Solitude, es-tu la source fraîche
Qu’on trouve au fond des bois et que je cherche en vain.
Vive ta belle eau claire, après ce mauvais vin !
De tous les livres bus je laverai mes lèvres ;
Oubliant les rancœurs, les regrets et les fièvres