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LA MORT DES DIEUX

Puis, eux aussi perdant la mémoire des noms
Que l’homme avait donnés à ces ombres sanglantes,
L’écho même éteindra ses vibrations lentes
Comme un râle voilé de lointains tympanons.

Et nul ne sachant plus les noms dont on les nomme,
Sur le charnier des Dieux la fleur de notre orgueil
Croîtra comme un rosier d’Avril né d’un cercueil.
Car il n’y a qu’un Dieu sur la terre : c’est l’homme.