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LA MORT DES DIEUX

On entend la rumeur douce
Que fait la campagne rousse
Oui dort sur son lit de mousse.

*



Frères, vous le voyez, j’ai lutté faible et nu
Contre ces Tout-Puissants revêtus d’épouvante.
J’ai fait acte d’orgueil impie, et je m’en vante.
Je suis parti là-haut et j’en suis revenu.

Ouand j’ai rayé les Dieux comme un mot qu’on efface,
Puisqu’ils ne m’ont rien dit, puisqu’il n’a pas tonné,
Vous pouvez relever votre front prosterné
Et regarder ces grands cadavres face à face.

En fouillant tout le ciel, plus vide que la main
D’un pauvre, vous rirez des fantômes inertes,
Et pour cueillir la fleur des espérances vertes
Vous jetterez vos peurs aux fossés du chemin.