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LA MORT DES DIEUX

Entendez-vous grincer des dents dans la géhenne
Et bouillir dans le soufre et la poix et la haine,
Éprouvant à la fois leur mal par tous les sens,
Toujours à l’agonie et toujours renaissants,
Dites, vous qui des Dieux avez méprisé l’ordre,
Entendez-vous souffrir, et hurler, et se tordre,
Les damnés effarés que chevauche Satan ?
Malheur à vous ! malheur ! Car l’enfer vous attend !
A genoux ! Respectez les Dieux ! Priez les maîtres !
Les Dieux sont effrayants, et nous sommes leurs prêtres ! »
…Les rebelles vaincus près des faibles fervents
Joignirent les deux mains en prière, et les vents
Portèrent au ciel vide un orageux cantique.
Où soupirait le vœu de l’amoureux mystique,
Où criait le remords du lâche anéanti.


*



Hommes, relevez-vous ! Les prêtres ont menti.
Et vous le savez bien, vous, Dieux, faces de songes.
Que vous n’êtes que des mots creux et des mensonges,
Oue par la foudre qui nous frappe à vos genoux
Vos simulacres vains sont frappés comme nous,