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LA MORT DES DIEUX

Font pour enfanter les causes
Des coïts inattendus.

Et de ces viols immondes,
Sans lois, sans but, sans amour,
Naissent ces bâtards d’un jour
Que nous appelons des mondes.

*



Regardez là dedans, dis-je aux Dieux prosternés :
Voilà d’où nous venons, voilà d’où vous venez.
C’est pour offrir un but au désir impossible,
Pour que notre pensée errante eût une cible,
Que les prêtres, un jour, ont inventé vos noms.
Dans l’au-delà sans fin que nous imaginons,
Cherchant de cause en cause à voir le bout du câble
Et voulant expliquer la chose inexplicable.
Pour donner une forme à l’idéal rêvé
Ils ont appelé Dieu le rien qu’on a trouvé.
Ils ont menti d’abord pour consoler les hommes.
Ils ont dit : « Écoutez, frères ; c’est nous qui sommes