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LA MORT DES DIEUX

S’entassent dans leur parc quand vient l’horreur du soir,
Tels les Dieux se pressaient dans le fond du ciel noir.
Déjà de me prier ils prenaient la posture,
Quand d’un grand coup de pied j’enfonçai la clôture
Qui nous cachait l’abîme âpre et tumultueux
Où fermente et rugit le Chaos monstrueux.


*



Le Chaos, matrice et gouffre !
Épouvantable rumeur !
Tout y naît et rien n’y meurt.
Rien n’y vit et tout y souffre.

Là, sous d’insondables flots,
Comme un tas de noyés blêmes
Le tourbillon des problèmes
Roule avec d’obscurs sanglots.

Ainsi l’on voit sous les vagues,
Parmi les mouvants limons,