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LA MORT DES DIEUX

Toi, le Dieu Sabaoth, toi, le Dieu militaire,
Dieu des huissiers et des tambours !

Et vous, déités plus antiques,
Rêves de nos premiers effrois,
Pantins aux poses hiératiques,
Aux gestes roides et très froids,
Enfants monstres, ayant pour langes
Des gaines de pierre, et pour fanges
Les Nils, les Euphrates, les Ganges,
rois des étés sans avril,
Sphinx dont la narine est un antre,
Brahma qui regardes ton ventre,
Et dont l’œil comme une flèche entre
Dans le trou gras de ton nombril !

Et vous, Dieux des Germains, Dieux aux cheveux filasse,
Dont les moustaches font des virgules sans fin,
Bourrés de lard, suant la bière à la mélasse,
Buveurs sans soif, mangeurs sans faim !

Et toi, Jupin, duc de l’Olympe,
Empereur des vieux polissons,