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LA MORT DES DIEUX

Se collât au sein de leur mère
La terre, où vont ceux qui s’en vont.
Je voudrais que toute ma race
Soufflât sur Dieu, sans peur, en face,
Et le vît fondre dans l’espace
Comme une bulle de savon.

Mais les hommes ne sont pas braves,
Et pour ces vaincus sans fierté
Mieux vaut la paix dans les entraves
Que la guerre et la liberté.
Eh bien ! J’irai tout seul, qu’importe !
Que le cheval encor m’emporte,
Et que ses pieds brisent la porte
Du temple où siège le tyran ;
Et dans l’enfer ou dans la nue,
Malgré sa majesté chenue,
Je lui mettrai la tête nue,
J’irai, par les pieds le tirant,

J’irai le montrer à la foule,
Le vieux coquin roi des tueurs ;
On verra sa trogne de goule
Sous mon œil aux fauves lueurs.