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LES BLASPHÈMES

Ouvrent leurs ailes d’ombre ainsi que des hiboux.
La crosse d’or du pape est une arme à deux bouts
Dont l’un est Violence et l’autre Hypocrisie.
La figure du Christ est toute cramoisie,
Car Loyola le fait mentir en l’abaissant
Et l’Inquisition le barbouille de sang.
N’importe ! sa croix brille au fort de la bataille,
Et l’on frappe d’estoc, et l’on frappe de taille,
Et les grands pistolets gorgés crachent du plomb,
Et l’on tue au hasard, trouvant qu’il est trop long
De distinguer les rangs, ni l’âge, ni le sexe.
Et comment pourrait-on d’ailleurs être perplexe ?
Dieu ne saura-t-il pas reconnaître les siens ?
Frappe ! Autour de la croix on lit les mots anciens :
Tu vaincras par ce signe. Et la foule trompée
Voit au lieu d’une croix une garde d’épée.


*



La plaine cependant fume comme un pressoir.
Et l’on se bat toujours. Ni l’approche du soir.
Ni la faim, ni la soif, ni l’amour de la vie,
Rien ne peut apaiser leur rage inassouvie.