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LA MORT DES DIEUX

Chaque membre mord un membre,
Torse tordu qui se cambre,
Reins rompus ou bras cassé.
Par lambeaux, comme une loque,
Se déchire et s’effiloque
Le corps humain fracassé.

Et sur ce champ de bataille
Où l’on brise, arrache, taille,
Empli d’un fade relent,
On voit un amas bleuâtre
D’écorchés d’amphithéâtre
Se charcuter en hurlant.



*



Or le Soleil là-haut jubile à ce carnage.
Dans la vapeur du sang, fumante et chaude, il nage.
Les combattants d’en bas, éperdus, haletant,
Le regardent toujours pour voir s’il est content,
Et, sans se fatiguer d’un combat sans victoire,
Sous des noms différents tous ils chantent sa gloire.