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VIII

LA MORT DES DIEUX


Comme je cheminais au pas de mon cheval,
Je me trouvai soudain dans un étrange val,
Sans bien me rappeler comment, par quelle route,
Et pourquoi j’étais là. J’avais un vague doute
D’avoir marché longtemps, en philosophant, seul,
Absorbé. Lentement, ainsi qu’en un linceul
La nuit m’enveloppant dans l’ombre, était venue.
Pas d’étoile ! Aucun trou de lumière à la nue !
Et mon regard, par les ténèbres habité,
Se heurtait à des murs d’opaque obscurité.
Je voulus tourner bride, et, crainte d’aventure,
Suivre pour revenir le flair de ma monture.
Mais à peine j’eus fait volte-face, une main
Empoigna mon cheval aux naseaux. Le chemin