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la prière de l’athée

Je porte dans le cœur une soif insensée
D’interroger le Sphinx pour savoir la pensée
Qui passe dans ses yeux sans fond.

*


Et je saurai ! Cette prunelle
De l’infini sombre et béant,
Je verrai ce qui luit en elle
Et si c’est l’être ou le néant.

Je sonderai le gouffre immense,
Et je saurai s’il est un point
Où la création commence,
Elle qui ne finira point.

Ce n’est pas vrai qu’on puisse vivre
Sans jamais regarder là-haut.
Le besoin de savoir enivre.
Et je saurai. Car il le faut.

Aux cavernes les plus obscures
Une torche en main j’entrerai,
Et je forcerai les serrures
Du mystère le mieux muré.