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les blasphèmes

Les Barbares venus du bout des steppes vagues.
Qui voguaient à cheval ou chevauchaient les vagues
Sur leurs barques aux flancs de cuir,
Tous ces aventuriers qui voyaient dans les nues.
Les brumes et les flots, des formes inconnues
Parmi les ouragans s’enfuir ;

Le Juif toujours en lutte avec l’âpre colère
Du Jehovah jaloux et dur qui ne tolère
Aucun hommage aux étrangers ;
Le Chrétien amoureux du squelette et des tombes,
Dont l’ostensoir luisait au fond des catacombes
Et dorait les crânes rangés ;

Tous, pasteurs, cavaliers, laboureurs, astronomes,
Marins, civilisés ou sauvages, des hommes
Ayant l’esprit comme le mien.
Ont regardé le monde ainsi que moi, le même,
Et tous ont vu dans tout vivre un Être suprême ;
Moi je regarde et ne vois rien ;

Mais comme eux tous je sens une implacable envie
De connaître le mot inconnu de la vie ;
Je fais ce que les autres font ;