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V

LA PRIÈRE DE L’ATHÉE


J’ai voulu m’envoler là-haut, au ciel immense,
Pour comprendre. Le ciel, riant de ma démence,
M’a vomi sur le sol.
Les étoiles chantaient et m’ont dit de me taire ;
Et je suis retombé lourdement sur la terre,
Enfoncé jusqu’au col.

C’est vrai, je suis vaincu par le chant des étoiles !
Il dit qu’on ne peut pas lever les chastes voiles
De l’Isis au front noir.
Il dit que, sans jamais voir le fond, nos pensées
Roulent dans l’infini comme des eaux lancées
Au trou d’un entonnoir.