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LES BLASPHÈMES

Seules vous pouvez dire à quel baiser ardent
S’éveillent les langueurs de sa chair qui frissonne.
Oh ! que ne suis-je là, comme vous, et dardant

Mes yeux sur ce mystère où n’assiste personne !
Oh ! dites-moi du moins ce que vous en pensez,
Dites-moi ce qu’ils font quand l’heure exquise sonne.

A quels combats d’amour toujours recommencés
Ils se livrent sous leurs courtines de ténèbres,
Et quels mots délirants, quels râles insensés

Ils échangent dans l’ombre où craquent leurs vertèbres !
Vous êtes des lueurs tremblantes de flambeaux
Autour d’un catafalque aux tentures funèbres

Que le vent sacrilège effiloque en lambeaux.
Dans un ciel de tourmente éclaboussé d’averse,
Des anges effarés, lamentables et beaux,

Contre la bise hostile et contre l’eau perverse
Vous abritent sous leur tunique en se sauvant,
Et retournent vers nous vos feux à la renverse.