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les grandes chansons

VIII

LA MORT DE LA MER


Car tu mourras aussi, toi qu’on croit immortelle.
Toi que notre louange et nos vœux complaisants
T’ayant faite déesse, adoraient comme telle.

Vieille, tu n’auras pas toujours, toujours, quinze ans.
Tu connaîtras aussi les chevaux qu’on débride,
Et les adieux forcés aux jours agonisants,

Et les cheveux blanchis, et l’implacable ride,
Et la seconde enfance aux pas irrésolus,
Et la décrépitude à l’haleine putride.

Tu connaîtras cette heure où de pleurs superflus
On tâche à ranimer les antiques verveines
Qui fanent dans vos doigts et ne fleuriront plus.