Elle est la mère où tout revient incessamment,
La mère où tout retrouve un rajeunissement.
Même ton souffle et ta parole, ô bouche humaine.
L’air qui les vaporise à la mer les ramène.
Toutes les eaux, coulants ou voltigeants essaims.
Au bout de leur voyage ont pour ruche ses seins.
Elles y font le miel délicieux et monde
Dont fleurit chaque jour le renouveau du monde.
Ô ruche merveilleuse ! ô seins que je gonflais !
C’est eux qu’il faut chanter. Terre, homme, chantez-les !
Chantez la mer qui fut votre génératrice !
Chantez son eau qui reste encor votre nourrice !
Chantez sa gloire, vous qui faites des chansons
Dont le verbe est parlant mieux que mes vagues sons !
Chantez, vous, les humains, dont les lèvres décloses
Savent dire l’essence et la marche des choses !
Chantez pour vous, et pour l’animal impuissant
Qui n’a pas le secret d’exprimer ce qu’il sent !
Chantez la mer, chantez son hosanna de reine !
Chantez, et qu’en passant mon tourbillon l’entraîne.
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