Page:Richepin - La Mer, 1894.djvu/318

Cette page a été validée par deux contributeurs.
304
la mer


Homme, contemple-la d’un cœur sincère,
Et tu verras qu’elle est l’ange gardien
De la terre où tu vis et qu’elle enserre.

Du flux de l’Atlantique au flux indien,
C’est les migrations que font ses ondes
Qui te donnent ton pain quotidien.

C’est grâce à leurs vapeurs que sont fécondes
Les plaines où tu vas semant ton grain.
Regarde-les passer, ces vagabondes,

Bienfaisantes enfants de l’air marin ;
Regarde et bénis-les, coûte que coûte,
Même rendant obscur le ciel serein ;

Bénis-les, bénis-les dans chaque goutte :
Car pour toi chaque goutte est un cadeau :
Et pour mieux les bénir, entends, écoute

Ce que chante en passant la goutte d’eau.

*


Cette goutte, d’abord, voici comme elle est née.
Tu la comprendras mieux, sachant sa destinée.
La mer est l’alambic d’où jaillit son éveil.
Cet alambic, chauffé par les rais de soleil
Qui lui dardent d’aplomb leur flamme incendiaire,
Présente à ce foyer l’équateur pour chaudière.