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la mer


Homme, relève donc la tête
Vers ton passé ; ne rougis point
D’avoir pour ancêtre la bête
Et même moins encor, ce point

Perdu sous la mer primitive,
Où jadis mécaniquement
Se forma la cellule active
Par un chimique accouplement.

Le connaître, en la nuit épaisse
Avoir retrouvé ce chemin.
C’est la gloire de notre espèce.
C’est la fleur de l’orgueil humain.

C’est le prix de sa patience,
De ses vœux enfin entendus,
C’est vraiment l’arbre de science
Nous livrant ses fruits défendus.

C’est la rédemption nouvelle
Qui nous redresse les genoux.
C’est le grand Tout qui se révèle
En prenant conscience en nous,

C’est l’apothéose où s’exalte
Son passé dans notre présent,
Cependant que nous faisons halte
Sur cette cime en nous disant :